LES COLITES

 

I) Présentation :

Maladie inflammatoire aiguë ou chronique de l’intestin, d’étiologies variées. Ce terme est mal utilisé pour la colopathie fonctionnelle ou intestin irritable (la muqueuse colique est normale dans ce cas).

 

2) Etiologies :

·         a) colites primitives (car causes mal connues) : maladie inflammatoire de l’intestin.

*recto-colite hémorragique (RCH)

*maladie de Cröhn

·         b) colites infectieuses :

*tuberculose

*bactériennes : shigelles, salmonelles, staphylocoque dorés

*virales : choléra par exemple

*parasitaires : amibes, bilharziozes, lambliases (= giardiases, existe dans les zones humides).

·         c) médicamenteuses :

*post-antibiothérapique

*après un abus de laxatif irritant

*anti inflammatoire.

·         d) autres :

*post radio thérapie : abdominale ou pelvienne

*recto-colite hémorragique diverticulaire

*ischémique : toutes insuffisances circulatoires veinales ou artérielles digestive, peuvent entraîner une colite ischémique.

 

 

LA RECTO COLITE HEMORRAGIQUE (RCH)

 

 

I) Définition :

Maladie inflammatoire au long court, touchant une partie ou la totalité du colon, prédominant à sa surface (muqueuse, sous muqueuse), toujours à sa terminaison (rectum), évoluant par poussées successives entrecoupées de périodes de rémission plus ou moins longue.

Plus fréquente chez la femme de 30 à 50 ans, maladie des pays industrialisés, plus fréquente dans les pays du Nord, on trouve 2,5 cas/ 100 000 habitants.

 

2) Etiologies :

plusieurs hypothèses :

·         infection

·         allergie

·         psychique

·         neuro musculaire

 

3) Circonstances du diagnostic :

·         Apparition d’émissions rectales purulentes et muco sanglantes répétées ou hémorragiques en nombres variables 10 à 20/ jours, accompagnées de fausses envies.

·         Survient après un choc affectif ou une infection virale ou une antibiothérapie.

·         Diarrhée et / ou constipation (alternance des 2) signes non obligatoires ou l’état général reste conservé au début.

 

4) Eléments diagnostic :

- se fait par rectoscopie ou rectosigmoïdoscopie :

·         présence de glaires et de sang dans la cavité rectale

·         Contre indication : le normacol avant la rectoscopie car il risque de créer de nouvelles lésions dissimulants les premières.

·         Muqueuse rectale hyper congestionnée, ulcérée, pleurant de sang au touché avec le rectoscope.

·         Biopsies rectales : vont confirmer le diagnostic.

 

-          La coloscopie, elle viendra compléter la rectoscopie ou la rectosigmoïdoscopie.

Elle permettra :

·         Un examen de l’étendu des lésions : si cela concerne l’ensemble du colon : c’est la Pancolite

·         Dans la zone malade, absence d’espace de muqueuse saine : diagnostic (-) de la maladie de Cröhn.

 

-          le lavement baryté (peu utilisé) :

on voit :

·         Une anomalie du tonus colique : diminution de l’expansion au produit de contraste.

·         Une apparition des ulcérations en forme de Spicules ou ulcération en boutons de chemise.

 

5) Complications :

a)       évolution :

l’évolution est favorable dans les petites poussées inflammatoires, mais dans d’autres types de poussées l’évolution peut-être grave avec absence de rémission, avec extension à tout le colon donnant une forme grave :

*douleur abdominale

*AEG : fièvre, anorexie, amaigrissement, anémie, signes de carence.

Cela peut évoluer vers une perforation intestinale

 

b)       perforation : tableau de péritonite

*douleur violente en coup de poignard

*patient immobile car douleurs si mouvements

*nausées, vomissements, T°.

*contracture abdominale à la palpation, ventre de bois.

*ASP : épanchement gazeux.

c)       Colectasie aiguë : c’est la dilatation aiguë du colon entraînant

*dilatation aiguë du colon

*météorisme abdominal

*douleurs qui vont augmenter et T°

*à l’ASP : colon plein d’air (diamètre du colon transverse supérieur à 5 cm).

*majorée par la prise d’opiacés, de neuroleptiques et par des lavements barytés ou par certaines investigations Radiologie ou endoscopie, surveillance +++ car la perforation peut arriver à tout moment.

*pronostic grave entraînant une colestomie.

d)       autres :

*récidive après plusieurs années

*risque de cancérisation en particulier dans les cas de pancolites (tout le colon) : surveillance +++ si évolue depuis plus de 10 ans.

 

6) Formes atypiques :

il peut y avoir une association avec des manifestations extra intestinales :

·         articulaires : arthralgies ou arthrite, spondylarthrite ankylosante.

·         Cutanées : érythème noueux, ulcère de jambes, pyoderma gangrenosum (lésions infectées).

·         Buccales : stomatites aphteuses (ulcération)

·         Oculaire : uvéite

·         Hépatique : péri-cholangite (inflammation du foie autour des lobules, autour des canaux biliaires hépatiques.

·         Spondylarthrite ankylosante.

 

Une rectite hémorragique ou proctite :

RCH n’atteignant que le rectum. Forme la plus fréquente, mais l’extension au-delà du rectum est possible mais faible chez les patients.

 

7) Traitement :

a) les règles hygiéno diététiques :

·         Pas de régime alimentaire dans les formes basses ou formes légères ou modérées.

·         Régime sans résidu et sans lait dans les formes moyennes ou graves

·         Sans graisse cuite

 

b) médical :

·         Corticothérapie orale (Solupred, Cortancyl), IV dans les cas graves ou locale (lavement rare) mousse rectale.

·         Salazopyrine (= ATB + AINS salicylé)

·         PENTASA ou ROWASA = AINS (= salazopyrine, ATB) en comprimés, lavement, suppositoire ou sachet (lavement et suppositoire pris le soir au couché pour garder plus facilement le médicament).

 

c) chirurgie à distance :

Dans les formes chroniques sévères (= AEG +++). Colectomie avec anastomose iléo-rectale, parfois iléo-anale et dans la prévention du cancer du colon dans le cadre d’atteinte colique totale évoluant depuis plus de 10 ans.

 

d) colectomie en urgence :

indications :

·         colectasie aiguë

·         perforation

·         Péritonite.

 

8) Les soins infirmiers pour un patient atteint d’une RCH sévère hospitalisé :

*mettre le patient en chambre seule si possible, car personne anxieuse.

            - multiples selles par jour

- besoin de repos moral et physique (patient irritable).

 

*Surveillance :

- nombres d’exonération (selles, glaires…) par jour à noter sur la feuille de surveillance.

- noter la nature des exonérations : fécales ou afécales

            - l’aspect des selles : pus, sang, glaires…

            - T°, pouls, TA

- l’état abdominal : existence  de douleurs ou pas, de contractions abdominales ou contracture donc appeler le médecin.

 

*Rassurer le patient et son entourage, lui expliquer ce qu’on leur fait et pourquoi on les surveille

*régime hyposodé si corticothérapie, administrés les prescriptions

*régime sans résidus, sans lait, sans graisse cuite ou diète hydrique selon le cas.

 

Appeler le médecin si :

*hémorragie abondante

*chute tensionnelle

*syndrome sub-occlusif : arrêt des gaz et des selles, ballonnements

*douleur abdominale intense

*si T° élevée.

 

Participer à la prise en charge psycho sociale car souvent les patients atteints de RCH sont jeunes. Il faut avertir l’assistante sociale pour voir s’il y a des moyens pour aider le patient (ex : s’il y a des enfants à prendre en charge le temps de l’hospitalisation).